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Étienne Girod : «En 5 ans, nous avons pu constater une évolution des mentalités par rapport au handicap en entreprise»

20 novembre 2020 - Actualités, Creusot-Infos

Etienne Girod, Chef de service au PDIP 71

Chef de Service du Pôle Départemental d’Insertion Professionnelle de Saône-et-Loire, Étienne Girod souligne que le déconfinement du printemps a été très propice à l’insertion professionnelle avec de nombreux projets très intéressants en cours de finalisation. Malheureusement le deuxième confinement risque de mettre un coup d’arrêt à de nombreuses situations.

Le Pôle Départemental d’Insertion Professionnelle de Saône-et-Loire fête ses 5 ans à l’occasion de la Semaine Européenne pour l’Emploi des Personnes Handicapées qui se tient du 16 au 22 novembre 2020. Cet anniversaire est l’occasion de revenir sur ces 5 années au service de l’insertion professionnelle des personnes en situation de handicap et de mettre en lumière un dispositif unique en Bourgogne-Franche-Comté. Le PDIP 71 est un Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale (GCSMS) regroupant trois associations du département de Saône-et-Loire : les Papillons Blancs D’entre Saône et Loire, les PEP 71 et la FOL 58. En 2015, ces structures, chacune porteuse d’un pôle d’insertion, se sont regroupées pour créer une entité unique intervenant sur l’ensemble du département. Le but de la structure est d’assurer une coordination en matière d’insertion professionnelle pour les bénéficiaires des établissements accompagnés.

Creusot infos : Pour les cinq ans du PDIP 71, vous allez faire quelque chose de particulier ?

 « L’organisation d’un événement permettant de remercier l’ensemble de nos partenaires et mettant en avant de nombreux témoignages était initialement prévu, mais nous avons préféré l’annuler au regard du contexte sanitaire. Nous reprendrons cette idée en fonction de l’évolution de la crise ».

Comment fonctionne votre structure, avez-vous des aides ??

« Notre structure est financée par le versement d’une contribution de l’ensemble de ses adhérents (les 14 ESAT, 10 IME, 2 ITEP et 8 SESSAD du département de Saône-et-Loire). Chacune de ces structures perçoit le montant du financement à nous reverser en amont par l’ARS. Ainsi nous sommes financés par l’ARS (qui a impulsé le projet il y a de nombreuses années maintenant) ».

Les entreprises qui recrutent un salarié atteint d’un handicap ont-elles des aides financières (état, région…) ?

« Effectivement, certaines aides financières existent, principalement pour les personnes sortant d’ESAT, mais il ne s’agit généralement pas de la raison première de l’embauche d’un de nos bénéficiaires. Les entreprises se centrent principalement sur les compétences développées par les personnes et sur les qualités que peuvent présenter ces profils un peu plus « atypiques », avant d’y voir un intérêt financier ».

La crise que nous traversons freine-t-elle votre activité et les relations avec les entreprises ?

« Effectivement, la première vague de confinement a mis à l’arrêt la quasi-totalité des situations de recrutement (ce qui a été principalement vrai pour les jeunes que nous accompagnons qui n’ont pas pu finaliser leur découverte de métier et donc n’ont pu intégrer une formation qualifiante en septembre), hormis quelques secteurs qui ont continué de recruter (grande distribution, entretiens de locaux…). Le déconfinement du printemps jusqu’à début novembre a par contre été très propice à l’insertion professionnelle et nous avions de nombreux projets très intéressants en cours de finalisation. Malheureusement le deuxième confinement qui vient de démarrer risque de mettre un coup d’arrêt à de nombreuses situations ».

Depuis cinq ans, votre plus grande satisfaction c’est quoi, vous n’avez jamais baissé les bras ?

« En cinq ans, grâce aux actions volontaristes de l’ensemble des conseillers du PDIP 71, mais également en lien avec les volontés gouvernementales d’aller vers une société plus inclusive, nous avons clairement pu constater une évolution des mentalités par rapport au handicap en entreprise et à la considération des personnes en ESAT ou des jeunes accompagnés pas des structures du médico-social. Il reste encore beaucoup à faire, mais nous avons vraiment l’impression que le postulat de départ est maintenant bien acquis ».

Les entreprises ont changé leur comportement depuis cinq ans ?

« Effectivement, nous sentons maintenant les entreprises de plus en plus prêtes à s’engager à tester la diversité. Les politiques RSE (Responsabilités Sociétales de l’Entreprise) ont permis de faire évoluer les mentalités et de comprendre que la diversité de profils accueillis est aussi ce qui fait la richesse et la force d’une entreprise ».

Depuis 5 ans, votre structure a accompagné combien de personnes ? Les résultats sont conformes à vos attentes ?

« Depuis 5 ans nous avons accompagné plus de 160 personnes, que nous continuons à suivre, car nos parcours ont la spécificité de ne pas avoir de fin, pour 23 CDI, 23 contrats d’apprentissage et 130 stages en entreprise. Ces résultats sont encourageants car ils n’ont de cesse d’augmenter. L’insertion en « milieu ordinaire » des personnes accompagnées en structures spécialisées n’allait pas de soi, mais elle devient de plus en plus tangible et devrait continuer de s’accélérer dans les années à venir ».

Comment se passe l’accompagnement et le suivi des personnes handicapées en entreprise ?

« Une fois les personnes placées durablement en entreprise notre accompagnement continue. Nous intervenons systématiquement en fonction des besoins. En règle générale nous tentons d’assurer une présence assez rapprochée lors des premiers mois du contrat, en passant voir le salarié et son encadrant toutes les deux semaines, puis, si tout se passe bien, notre implication se détend progressivement. Il est cependant important que nous restions toujours présents car pour que tout se passe bien au travail, il faut s’assurer que tout se passe bien dans la vie quotidienne des salariés. Aussi le rôle des conseillers ne s’arrête pas au périmètre de l’emploi, mais englobe l’ensemble des paramètres de la vie des personnes (situation familiale, logement, finance…) avec un fort travail de partenariat quand des spécialistes interviennent également (tutelles, SAVS, ou autre) ».

Quels sont les projets et grandes actions du PDIP 71 aujourd’hui ?

« Nous sommes en train de développer, suite à réponse à appel à candidature de l’ARS, un poste d’animateur territorial pour nous décentrer du suivi individuel et pour travailler encore plus à l’animation de réseaux. Nous souhaitons, par ce biais, toucher un maximum de partenaires et apporter un support au plus grand nombre (organismes de formation, centres d’apprentissage, réseaux d’employeurs) afin de montrer que l’inclusion professionnelle est plus que jamais possible !».

Recueilli par JC PIERRAT

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